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samedi 26 novembre 2011

Soutenance de thèse : "Les Nouvelles Traversées Alpines. Entre cospatialité de systèmes nationaux et recherche d'interspatialités, une géopolitique circulatoire" (Kevin Sutton)


Kevin Sutton, l'un des intervenants du prochain café géographique de Paris du 29 novembre 2011 sur "les Alpes, terres de conflits ? Entre traversées alpines et espaces protégés" qui portera sur les conflits d'aménagement, d'usages et de représentations dans les Alpes (avec le géographe Lionel Laslaz, spécialiste des espaces protégés et de la polémogéographie : voir notamment "Les espaces protégés : des territoires de conflits ?", Les Cafés géographiques, rubrique Vox geographi, 20 avril 2011), soutiendra sa thèse intitulée Les Nouvelles Traversées Alpines. Entre copspatialité de systèmes nationaux et recherche d'interspatialités, une géopolitique circulatoire, le vendredi 2 décembre 2011 à l'Université de Savoie / Chambéry (amphithéâtre du Pôle Montagne, site de Technolac, Le Bourget-du-Lac, 14h).





Résumé de la thèse par l'auteur :
"L’approche moderne des Traversées Alpines s’est fondée sur un postulat de corrélation de trois dynamiques : l’accélération, la concentration et l’extériorisation. Il convient aujourd’hui de le réinterroger. Les cadres d’étude récents des phénomènes de Traversées Alpines ont enfermé ce champ dans des approches spatiales segmentées (corridor, axe ; découpage courant Alpes occidentales/centrales/orientales). Ce contexte épistémologique révèle la prédominance du versant nord comme prisme de considération du phénomène. Il renforce le paradoxe animant le fond des Traversées Alpines : alors que l’Italie est le dénominateur commun à tous les axes de franchissement, ce pays est le plus absent tant dans la littérature que dans la menée politique des conditions d’exercice des flux. Le contexte géopolitique explique pour partie cette situation. Le jeu politique des Traversées témoigne d’une forme de « complexe de centralité » animant l’Autriche et plus encore la Suisse. Ce paradoxe remet en cause un premier postulat moderne, la course à l’extériorisation. Si les nœuds associés au franchissement se retrouvent aujourd’hui jusqu’à Mannheim voire Rotterdam, le cadre politique n’est, lui, pas dépassé. Le cadre technique, caractérisé par une recherche de continuités réticulaires (libéralisations, interopérabilités, tunnels de base), se concrétise au contact du cadre politique par l’émergence d’un mouvement nodal contraire. L’ouverture des tunnels de base comme la mise en place des réseaux de production des nouveaux acteurs sur le marché ferroviaire inventent et réactivent des nœuds à l’intérieur du massif. Cette nodogenèse interroge ainsi le présupposé répandu d’effacement, corollaire de cette ère affirmée des Nouvelles Traversées Alpines. L’accélération portée par les tunnels de base ne produit alors pas uniquement, à l’échelle des territoires alpins, une dynamique d’extériorisation ; il en va de même en ce qui concerne la concentration. L’itinéraire nouvellement ouvert n’efface pas les itinéraires précédents. Le tunnel de base du Lötschberg est exploité de concert avec la ligne de faîte. Il en sera de même avec le Gothard ou le Brenner. Si bien que la question de l’agencement vertical des logiques de franchissement se pose dans ce contexte d’éclatement des linéaires.

Réintériorisation, éclatement, accélération apparaît comme le nouveau tryptique à l’œuvre autour des Traversées Alpines. L’enjeu de la nouveauté est de remettre en cause les acquis d’une lecture moderniste et de questionner la profondeur du tournant actuel. Tout ne change pas : la dimension nationale reste prédominante, l’Italie reste en retrait. Les Traversées Alpines restent un ensemble de systèmes nationaux cospatiaux, en recherche d’interspatialités entre eux et avec les territoires traversés. Une configuration territoriale émerge, la basse vallée, comme espace de conflictualités en mal de médiations. La basse vallée accueille la nodogenèse, est le théâtre des oppositions aux projets actuels comme dans le Val de Suse, porte la majeure partie des chantiers des tunnels de base… Cet espace, hier considéré comme intermédiaire, réinvente la notion de piedmont en se posant en potentielle intermédiation entre des dimensions verticales toujours plus centrifuges. La « nouveauté » est ainsi à chercher dans cette nouvelle donne spatiale."





jeudi 24 novembre 2011

Les espaces de la mort au Kosovo : des territoires de conflit


Le cimetière orthodoxe de Mušutište dans la municipalité
de Suharekë/Suva Reka dans le sud du Kosovo

Source : "Cimetières profanés au Kosovo :
les morts ne reposent pas en paix
", Le Courrier des Balkans,
Serbeze Haxhiaj, 21 novembre 2011.
"Au Kosovo même les cimetières reflètent les divisions et le conflit inter-ethnique. Dans presque toutes les villes, l'image de cimetières profanés, surtout orthodoxes, met en évidence les haines entre communautés albanaise et serbe" (Serbeze Haxhiaj, "Cimetières profanés au Kosovo : les morts ne reposent pas en paix", Le Courrier des Balkans, traduit par Belgzim Kamberi, 21 novembre 2011). "Après la Bosnie, le Kosovo est le pays du monde où l’on profane le plus les cimetières. À l’entrée de la ville divisée de Mitrovica, des policiers du Kosovo assurent la sécurité d’une famille serbe venue de Niš pour récupérer la dépouille d’un fils mort d’un cancer en 1995".

Dans cet article pour Le Courrier du Kosovo (une partie du Courrier des Balkans - un remarquable site de veille, de traduction et d'écriture d'articles de journalistes sur les Balkans - consacrée au Kosovo), Serbeze Haxhiaj revient sur la question des espaces de la mort au Kosovo, et tout particulièrement sur trois points :
- la profanation des cimetières comme mise en scène de la haine intercommunautaire,
- les pogroms de mars 2004 qui ont relevé de l'urbicide, par la destruction du patrimoine de "l'Autre" pour marquer dans le paysage et dans les esprits son rejet,
- l'impossible entretien et rénovation des cimetières qui deviennent ainsi des ruines marquant dans le paysage la poursuite de la guerre par d'autres moyens, c'est-à-dire par l'utilisation de la symbolique des lieux pour ancrer la haine dans les esprits et la peur de "l'Autre" dans les pratiques spatiales.
Cet article revient sur plusieurs problématiques dont il a déjà été question dans les lignes du blog "Géographie de la ville en guerre" concernant le Kosovo et les espaces de la mort, et permet d'ouvrir ce billet présentant une sélection de liens permettant de revenir sur la chronologie des (non-)reconnaissances de l'indépendance du Kosovo, et sur la question des espaces de la mort comme géosymboles de l'affrontement intercommunautaire.



Le Kosovo fin 2011 :
un contexte conflictuel

L'été et l'automne 2011 ont été marqués par des affrontements entre les Serbes et les Albanais du Kosovo à propos de l'appropriation et du contrôle des points de passage entre la Serbie centrale et le Nord du Kosovo (voir le dossier du Courrier des Balkans : "Le nord du Kosovo : une zone toujours sous haute tension"). C'est la question de la légitimité et du statut de cette ligne politique qui s'est ainsi retrouvée au coeur de ces affrontements : s'agit-il aujourd'hui d'une frontière internationale entre deux Etats ou d'une limite administrative à l'intérieur d'un même Etat ? Si, en France, la question de l'indépendance du Kosovo semble "résolue" (tout du moins n'est plus remise en question, y compris dans le non-usage des guillemets pour décrire l' "Etat" du Kosovo et ses "frontières"), il s'agit là d'une prise de position politique qui est loin de faire l'unanimité sur la scène internationale. Et aujourd'hui encore, le Kosovo tente de faire valoir son indépendance, tant sa reconnaissance est plongée dans un imbroglio diplomatique : un tiers des Etats membres des Nations unies a refusé de reconnaître l'indépendance du Kosovo, parmi lesquels des "poids lourds" de la diplomatie internationale (la Russie, la Chine), mais aussi des Etats membres de l'Union européenne (parmi lesquels l'Espagne), ne permettant pas là de dépasser le problème juridique de la reconnaissance du Kosovo par la communauté internationale en en faisant une question européenne. Si progressivement plusieurs Etats qui ne s'étaient pas prononcés sur la question du statut du Kosovo ont rejoint le groupe de ceux qui reconnaissent l'indépendance, cela ne change que peu le rapport de forces qui se joue sur la scène diplomatique. A l'intérieur du Kosovo, cela implique des tensions entre le Nord et le reste du Kosovo, y compris au sein de la communauté serbe, entre les habitants du Nord où cette communauté est nettement majoritaire, et ceux des enclaves serbes. Au sein de la communauté albanaise, la question de la présence des Serbes au Kosovo divise également, entre des partis modérés qui prônent l'intégration de cette communauté (et des petites minorités) dans un Kosovo "kosovar", et ceux qui oeuvrent pour le rejet de la communauté serbe et la construction d'un Kosovo albanais. L'imbroglio diplomatique permet aux deux positions d'exister : celle d'un Kosovo indépendant, et celle d'un Kosovo intégré à la Serbie, et tend à fragmenter ce territoire en deux.




Pour faire le point sur le Kosovo :
des dossiers du Courrier des Balkans


Pour faire le point sur l'indépendance du Kosovo :
quelques billets de Géographie de la ville en guerre

Des articles de presse :

Des analyses en ligne : avant l'indépendance

Des analyses en ligne : après l'indépendance





Les cimetières et l'urbicide :
une mise en scène du rejet de "l'Autre"



Les cimetières du Kosovo sont devenus des espaces géosymboliques de la dispute territoriale entre les deux communautés serbe et albanaise, mais aussi du rejet de "l'Autre", y compris des "petits peuples" (voir, à ce propos, "Petits peuples et minorités nationales", Cahier du Courrier des Balkans, n°6, 2008). On entend géosymbole au sens que lui donnait le géographe Joël Bonnemaison : "Le géosymbole, expression de la culture et de la mémoire d'un peuple, peut se définir comme un lieu, un itinéraire, une construction, une étendue qui, pour des raisons religieuses, culturelles ou politiques, prend aux yeux des groupes ethniques une dimension symbolique qui les ancre dans une identité « héritée »" (Joël Bonnemaison, 1996, Les fondements géographiques d'une identité : l'archipel du Vanuatu. Essai de géographie culturelle, Livre 1 : Gens de pirogue et gens de la terre, ORSTOM Editions, Paris, 460 p.).


L'ancrage spatial de la symbolique des lieux permet de comprendre la place des espaces de la mort dans cette rivalité intercommunautaire au Kosovo : en effet, si l'on prend le cas de la ville-symbole de Mitrovicë/Kosovska Mitrovica au Nord du Kosovo, "la géographie des morts et la géographie des vivants ne coïncident pas, les logiques de peuplement ayant totalement fait évoluer cette dernière, alors que les espaces de la mort sont figés" (Bénédicte Tratnjek, 2011, "Carte postale du cimetière serbe de Mitrovicë/Kosovska Mitrovica (Kosovo)", Les Cafés géographiques, rubrique Cartes postales du monde, 28 août 2011). Mitrovica est une ville-symbole à plusieurs titres : pour l'Ibar, comme rivière-frontière (voir Bénédicte Tratnjek, "Des ponts entre les hommes : les paradoxes de géosymboles dans les villes en guerre", Les Cafés géographiques, rubrique Vox geographi, 12 décembre 2009), pour "le" pont très médiatisé comme symbole des tensions du Kosovo, pour la répartition de sa population comme synthèse des problèmes du Kosovo. A ce titre, les espaces de la mort de cette ville sont eux aussi devenus des géosymboles de l'affrontement intercommunautaire. C'est justement la transformation, par l'utilisation de la symbolique des lieux, d'un espace "ordinaire" en haut-lieu de la dispute territoriale qui est en jeu dans les dégradations des tombes, dans le marquage spatial (notamment par des tags et des graffitis) et dans l'impossible rénovation des cimetières au Kosovo : "si le cimetière met en avant l’appartenance communautaire, il ne s’agissait pas, avant la guerre, d’un espace symbolique des revendications identitaires" (Bénédicte Tratnjek, "Les espaces de la mort à Mitrovica (Kosovo) : des géosymboles de la lutte identitaire", dans "Les espaces de la mort", Cahiers d'ADES, n°5, mars 2010, p. 108). Néanmoins, dans le contexte de l'immédiat après-guerre, "la sacralisation des cimetières repose ainsi sur un double mouvement : il s’agit à la fois de signifier son attachement à la communauté et de marquer le rejet de « l’Autre »" (op. cit., p. 110). Ainsi, "le cimetière est devenu de la sorte un marqueur spatial de l’appartenance communautaire" (op. cit., p. 111).


Cimetière serbe de Mitrovicë/Kosovoska Mitrovica
Source : Bénédicte Tratnjek, "Carte postale du cimetière serbe de Mitrovicë/Kosovska Mitrovica (Kosovo)",
Les Cafés géographiques, rubrique Cartes postales du monde, 28 août 2011.




Par-delà la seule ville-symbole de Mitrovica, les espaces de la mort sont tous devenus des hauts-lieux de la dispute intercommunautaire. Après le temps des pogroms contre ces territoires de l'identité de "l'Autre", c'est aujourd'hui l'impossible rénovation de ces cimetières qui est en jeu. La rivalité de pouvoirs entre un Kosovo indépendant (répondant alors à la souveraineté du gouvernement de Pristina) et un Kosovo appartenant à la Serbie (répondant à la souveraineté du gouvernement de Belgrade) produit des imbroglios juridiques : à qui appartiennent aujourd'hui les cimetières à rénover ? A la communauté ethnique qui y enterre ses morts ? A l'autorité localement reconnue (le gouvernement de Belgrade au Nord du Kosovo et celui de Pristina dans le reste de ce territoire) ? Et de fait qui doit payer la rénovation et l'entretien de ces cimetières ? C'est un des problèmes que pointe l'article de Serbeze Haxhiaj : "Les administrations municipales, qui ont les compétences pour la gestion des cimetières, ne montrent, semble-t-il, aucun intérêt pour l’entretien des cimetières orthodoxes. Certaines d’entre elles n’ont même pas de budget prévu, ce qui est pourtant contraire au cadre légal prévu par la Constitution. Dans un coin du cimetière orthodoxe ravagé de Peja/Peć, des employés tondent l’herbe. Un menu entretien qui ne cache pas la situation désastreuse du lieu : les plaques de marbre endommagées et éparpillées un peu partout. 
Arianit Dema, le maire-adjoint de Peja/Peć, assure qu’une entreprise est payée par la ville pour entretenir les cimetières. Mais pour lui, la restauration des cimetières est un « luxe ». « Ce n’est pas prévu dans le budget. On les a nettoyés cette année. Les cimetières musulmans sont aussi en mauvais état », ajoute-t-il. 

À Mitrovica, où les tensions inter-ethniques sont toujours très fortes, le représentant de la mairie, Rasim Veseli explique que 30.000 euros ont été alloués à l’entretien des cimetières. Mais seulement pour les cimetières musulmans des Albanais et des Bosniaques, précise-t-il. 
La seule mairie du Kosovo qui a programmé un financement pour les cimetières orthodoxes est la commune d’Obiliq/Obilić. 10.000 euros ont été budgétés pour leur entretien cette année. Le représentant de la commune, Nazif Shala explique qu’il était impossible d’entrer dans les cimetières à cause de l’herbe. 
Plus d’une décennie s’est écoulée depuis la guerre au Kosovo, qui a laissé derrière elle beaucoup de crimes et de haines. La propagande à des fins politiques et la haine de l’autre n’auront pas épargné les morts" (
Serbeze Haxhiaj, "Cimetières profanés au Kosovo : les morts ne reposent pas en paix", Le Courrier des Balkans, traduit par Belgzim Kamberi, 21 novembre 2011).


L'article est focalisé sur la question des cimetières serbes orthodoxes au Kosovo : mais il faut rappeler qu'ils ne sont pas les seuls à avoir été l'objet de pogroms intercommunautaires. C'est, par exemple, le cas des cimetières roms ou juifs du Kosovo, ce qui souligne "l'oubli" des "petits peuples" dans le traitement médiatique des Balkans, mais aussi dans le traitement politique de la gestion de crise (à ce propos, voir les écrits de Jean-Arnault Dérens : "Les 
 » oubliés des Balkans", Le Monde diplomatique, juillet 2003 ; "Temps amers pour les 
 »", Le Courrier des pays de l'Est, n°1052, n°2005/6, pp. 30-41 ; avec Laurent Geslin, Voyage au pays des Gorani, Editions Cartouche, collection Voyage au pays des..., 2010).


L'instrumentalisation des espaces de la mort s'est donc jouée en deux temps :
- l'utilisation symbolique des cimetières, transformés en hauts-lieux de l'identité, par leur dégradation et leur destruction, afin d'inscrire dans les paysages l'impossible vivre-ensemble : cette matérialisation de la dispute territoriale ne se joue pas seulement dans les espaces de la mort, mais elle s'ancre dans l'ensemble des lieux symboliques du quotidien, comme en témoigne l'utilisation des lieux de mémoire (Bénédicte Tratnjek, "Les lieux de mémoire dans la ville en guerre : un enjeu de la pacification des territoires", Diploweb, 31 octobre 2011).
- l'impossible processus de négociation autour de la rénovation des cimetières (pour les tombes détruites), mais aussi les difficultés (politiques et financières) inhérentes à l'entretien qui participent du marquage spatial de ces espaces de la mort, par les tags et les graffitis, qui en font des territoires identitaires : en bornant par des tags et des graffitis les seuils de ces espaces de la mort, et en les parsemant des symboles à l'intérieur, les acteurs de ces géonationalismes (que le géographe Amaël Cattaruzza définit comme "l'ancrage spatial et/ou territorial du nationalisme concrétisé dans l'espace politique ou projeté dans les représentations territoriales" : "Comprendre le référendum d'autodétermination monténégrin de 2006", Mappemonde, n°87, n°3-2007) produisent des territoires de la dispute intercommunautaire et du rejet de "l'Autre" dans les espaces du quotidien.
Ainsi, au Kosovo, "la guerre contre le patrimoine se poursuit" (Sava Janjic, "Kosovo : la guerre contre le patrimoine se poursuit", Le Courrier des Balkans, 14 octobre 2003, traduit par Persa Aligrudic), se surajoutant à d'autres enjeux symboliques tels que la dispute toponymique ou les tensions foncières.




Pour aller plus loin sur les espaces de la mort de Mitrovica :




Pour aller plus loin sur les cimetières du Kosovo :








mardi 15 novembre 2011

La ville-capitale, le pouvoir, la symbolique et la toponymie : sélection bibliographique/sitographique



A l'occasion de la mise en ligne de l'article de Julien Arnoult : "Quand les capitales déménagent", publié dans le magazine Carto (n°4, mars/avril 2011, p. 35), voici une sélection (bien évidemment subjective et non exhaustive) de ressources bibliographiques et sitographiques concernant les liens entre pouvoir et symbolique dans les villes-capitales.

Quand les capitales déménagent
Source : Julien Arnoult, "Quand les capitales déménagent", Carto, n°4, mars/avril 2011, p. 35.

On peut s'étonner, sur la carte proposée par Julien Arnoult, dans son article de l'absence de certains déménagements de capitales, et notamment de l'absence de l'Afrique sur cette carte (on pense notamment à la Côte d'Ivoire avec Yamoussoukro, au Nigeria avec Abuja, ou encore à la Tanzanie avec Dodoma), mais également le Brésil (avec Brasilia). Pourtant, la carte fait état de changement de capitales plus anciens que ceux-ci (Kyoto -> Edo/Tokyo en 1868 ; Istanbul -> Angora/Ankara en 1923, et plus récemment Karachi -> Islamabad en 1967) : y aurait-il des changements de capitales plus marquants, plus "sensationnels", dans l'imaginaire collectif ? Cette absence est intéressante en termes de perceptions et de représentations, dans la mesure où elle nous donne à voir les lieux marquants de l'imaginaire spatial collectif. L'absence de Brasilia sur cette carte, souvent citée comme exemple emblématique des transferts de capitales, rappelle qu'il existe deux types d'enjeux : la symbolique des lieux comme matérialisation d'un nouveau pouvoir et l'aménagement du territoire (le premier enjeu marquant davantage l'imaginaire collectif, dans la mesure où il s'agit d'un urbanisme autoritaire).

L'idée de changement de villes-capitales est tout d'abord liée, dans l'imaginaire spatial, à l'indépendance de certains Etats : la carte montre ainsi de nouvelles capitales en Asie centrale (avec Astana au Kazakhstan), mais l'on pourrait aussi penser aux indépendances africaines. Autre logique de déplacement de la ville-capitale : la volonté d'affirmer une rupture avec l'émergence d'un nouveau pouvoir ou d'un nouveau régime (sans qu'il y ait pour autant nécessairement une redéfinition des frontières nationales) : Julien Arnoult parle ainsi du Japon avec Edo - devenant Tokyo - au détriment de Kyoto, de la Turquie avec Angora - devenant Ankara - au détriment d'Istanbul...

C'est aussi un enjeu toponymique qui se joue dans la symbolique des lieux du pouvoir : la rupture n'est pas seulement mise en visibilité par le déplacement de la capitale dans une autre ville, mais aussi par le nouveau toponyme attribué à cette nouvelle capitale. Pour d'autres nouvelles villes-capitales, le pouvoir s'installe dans des villes nouvelles, créées "sur mesure" pour accueillir le nouveau pouvoir. L'architecture et le paysage sont alors modelés et mis en scène pour montrer le poids de ce nouveau pouvoir : c'est le cas du village de Yamoussoukro devenant la capitale de la Côte d'Ivoire indépendante sous le règne de Félix Houphouët-Boigny (qui fait ainsi de son village natal une ville nouvelle dotée de tous les ministères, de palais, d'une basilique gigantesque, d'une école militaire...).

Sur la carte de Julien Arnoult, on note enfin que des projets de déplacement de capitale sont en cours, comme par exemple "annoncé en 2005, le projet de déplacer neuf ministères et plusieurs agences gouvernementales d'ici 2014 de Séoul vers la ville nouvelle de Sejong, actuellement en construction en Corée du Sud" (à ce propos voir l'excellent Atlas de Séoul de Valérie Gelezeau, Autrement, collection Atlas Mégapoles, 2011 ; ainsi que l'émission "Séoul, nouvelle ville monde ?", Planète Terre, diffusée le 16 novembre 2011), ou encore le déplacement en projet de Jakarta au profit de Palangkaraya (à propos de Jakarta, voir l'excellent ouvrage de Jérôme Tadié : Les territoires de la violence à Jakarta, Belin, collection Mappemonde, 2006).

"Ville nouvelle ou remodelée, les récents changements de capitale ont été accompagnés de projets architecturaux et urbains démesurés. telle est la marque du nouveau départ des dirigeants à poigne" (Julien Arnoult, "Quand les capitales déménagent", Carto, n°4, mars/avril 2011, p. 35). Il est intéressant de noter le rôle de l'urbanisme et de l'architecture dans ces changements de villes-capitales : le pouvoir est, le plus souvent, mis en scène par des formes géométriques, symbolisant l'ordre et le contrôle. Le transfert des capitales pose la question de la symbolique des lieux et celle des pouvoirs dans la ville.



D'Abidjan à Yamoussoukro, de Yamoussoukro à Abidjan : la ou les ville(s)-capitale(s) ivoirienne(s)


Interroger des élèves, des étudiants ou des passants dans la rue : "quelle est la capitale de la Côte d'Ivoire ?". Une grande majorité vous répondra : "Abidjan". Pourtant, la capitale ivoirienne est bien Yamoussoukro, le village natal du premier président de la Côte d'Ivoire indépendante, Félix Houphouët-Boigny. Cette réponse ne souligne pas seulement une connaissance parfois approximative d'une Afrique regardée par le prisme du regard eurocentré (voir "Comprendre l'Afrique en évitant les idées reçues", compte-rendu du café géographique du 8 octobre 2011, animé par Georges Courade) : elle témoigne aussi de la relation entre Abidjan et Yamoussoukro, cette dernière ne s'étant jamais imposée comme capitale économique de la Côte d'Ivoire. Malgré le changement de capitale, Abidjan est restée le pôle économique de la Côte d'Ivoire, et progressivement certains fonctions politiques déplacées à Yamoussoukro ont été "rapatriées" à Abidjan, ville de l'ouverture de la Côte d'Ivoire sur le monde.


Pour le géographe Roland Pourtier, "Yamoussoukro est le plus bel exemple de "ville du prince" de l'Afrique contemporaine. Sa création a été décidée par Félix Houphouët-Boigny, qui domina la vie politique de Côte d'Ivoire de la Deuxième Guerre mondiale jusqu'à sa mort en 1993. Le lieu choisi est son village natal, dans les savanes du pays Baoulé. La ville a été construite grâce aux ressources provenant des exportations agricoles, principalement le cacao. L'ordre géométrique d'un schéma d'urbanisme grandiose et l'architecture monumentale gravent dans l'espace ivoirien la gloire de son fils le plus illustre. Aménagée pour accueillir 400 000 personnes, Yamoussoukro n'en compte pas encore la moitié : la crise économique ivoirienne de la fin des années 1980 a ralenti sa croissance. La ville cependant n'est plus une épure d'architecte ; elle occupe désormais une place bien réelle dans le réseau urbain ivoirien." (Roland Pourtier, "Villes africaines", Documentation photographique, n°8009, juin 1999, p. 40).


La ville de Yamoussoukro illustre bien les transferts de capitales dont il est question dans l'article de Julien Arnoult, c'est-à-dire celles qui ont pour objectif d'affirmer le pouvoir d'un homme et/ou d'un régime, en le rendant visible.





Bibliographie/sitographie sur Yamoussoukro, la ville du Prince :




Autres ressources sur Yamoussoukro :

  • Sylvy Jaglin, 1993, "L'ajustement gestionnaire à Yamoussoukro (Côte d'Ivoire) : le "Vieux" et la commune au "village" ", dans Alain Dubresson et Sylvy Jaglin (dir.), 1993, Pouvoirs et cités d'Afrique Noire : la décentralisation en question, Karthala, Paris, pp. 141-173.
  • Jean-Fabien Steck, 1997, Transports par cars et dynamique spatiale en Côte d'Ivoire : le cas de Yamoussoukro, mémoire de maîtrise en géographie, Université de Paris X, Nanterre, 175 p.
  • Jean-Fabien Steck, 2004, "Requiem pour une gare routière. Succès et fragilités d'un territoire informel à Yamoussoukro", Autrepart, n°32, pp. 95-114.





Brasilia (Brésil) : le transfert d'une capitale pour le rééquilibrage d'un pays


Devenue capitale du Brésil en 1960, "créée pour rééquilibrer la distribution de population brésilienne" (Neli Aparecida De Mello, François-Michel Le Tourneau, Hervé Théry et Laurent Vidal, 2004, Brasilia, quarante ans après, Editions de l'Institut des Hautes Etudes de l'Amérique Latine (IHEAL) / La Documentation française, Paris, p. 9) en conquérant les terres intérieures, Brasilia est souvent citée comme un exemple emblématique de la mise en scène du pouvoir dans l'architecture, l'urbanisme et la toponymie. 40 ans après sa création, Brasilia est souvent considérée comme un succès dans la mesure où "Brasília a rempli ces deux fonctions à la fois : elle est bien « un centre politique et administratif, jouissant de toutes les commodités possibles, pour elle-même et dans son voisinage », au point d’attirer des migrants fascinés par cet îlot de richesse, et même si elle n’était pas « placée dans une zone déjà très peuplée », le mouvement migratoire s’est chargé de créer cette situation. Elle a également été « un ferment, un centre de colonisation et d’irradiation », par l’intermédiaire des routes construites pour la desservir et la relier tant aux régions déjà peuplées qu’aux fronts pionniers de l’Ouest et du Nord. (...) Capitale politique incontestée, capitale pionnière dépassée par son succès même, Brasília est aussi aujourd’hui une métropole parmi les autres. On peut le regretter, parce que son projet original s’est affadi et parce qu’elle connaît désormais les mêmes tensions sociales que les autres métropoles. On peut aussi penser que, de ce fait, elle revient dans la norme et devient plus représentative de la nation brésilienne" (Neli Aparecida De Mello, François-Michel Le Tourneau, Hervé Théry et Laurent Vidal, 2004, Brasilia, quarante ans après, Editions de l'Institut des Hautes Etudes de l'Amérique Latine (IHEAL) / La Documentation française, Paris, pp. 108-109).


L'exemple de Brasilia n'illustre pas le cas de transferts de villes-capitales pour l'affirmation du pouvoir d'un homme ou d'un régime, mais bien comme outil de l'aménagement du territoire national. Ce n'est pas la ville comme symbole du pouvoir qui est alors pensée, mais la ville comme outil de la construction nationale, autour des problématiques de rééquilibrage du peuplement et des activités.




Bibliographie/sitographie sur Brasilia :


D'autres ressources sur le Brésil à surveiller :
  • Le blog Braises du géographe Hervé Théry.
  • La revue franco-brésilienne Confins.






D'autres transferts de villes-capitales récents


La liste n'étant pas exhaustive, n'hésitez pas à me faire part des transferts de capitales récents (depuis la moitié du XXème siècle) que j'ai pu oublier. La liste sera mise à jour en fonction de votre aide, merci d'avance !




Pakistan : Karachi -> Islamabad
Nigeria : Lagos -> Abuja
Tanzanie : Dar-es-Salaam -> Dodoma
Kazakhstan : Almaty -> AstanaMalaisie : Kuala Lumpur -> Putrajaya
Birmanie : Rangoon -> Naypyidaw




La construction d’une capitale dans un lieu auparavant désert n’est pas un fait isolé dans l’histoire, bien au contraire. Plusieurs exemples de capitale de ce type peuvent, au contraire, êtres rapprochés de l’expérience brésilienne.• La construction de la ville de Washington date-t-elle de la fin du XVIIIe siècle. Un siècle plus tard, en 1800, la ville devenait la capitale des États-Unis.• Canberra, elle, a été fondée en 1913, et fut élevée au rang de capitale le 9 mai 1927. Le plan de Canberra fut choisi parmi 113 concurrents lors d’un concours international d’architecture. Le vainqueur, Walter Burlet Griffin, déclara que Canberra ne devrait ressembler à aucune autre ville du monde.• Islamabad est un peu plus récente que Brasília, puisqu’elle fut élevée comme capitale du Pakistan en 1959 et construite pendant les années 1960. Selon le journal officiel local, « Le plan directeur de cette ville, la plus moderne qui soit, a été dressé en 1960 par le cabinet grec d’architecture Constantinos Doxiades. Le chantier fut lancé en octobre 1961, et la ville fut inaugurée le 26 octobre 1966, date de la première installation d’un immeuble de bureau. ».Il faut noter que ces trois villes ont été construites à proximité d’autres grandes villes. Ainsi Canberra n’est qu’à 244 kilomètres de Sydney et Washington à 327 kilomètres de New York. Quant à Islamabad, elle est si proche de Rawalpindi qu’elles sont considérées comme une seule agglomération. Brasília, elle, se situe à 931 kilomètres de Rio de Janeiro et 870 kilomètres de São Paulo, à vol d’oiseau, la nouvelle capitale devant promouvoir la conquête de l’intérieur du pays.
Source : Neli Aparecida De Mello, François-Michel Le Tourneau, Hervé Théry et
Laurent Vidal, 2004, Brasilia, quarante ans après, Editions de l'Institut des Hautes
Etudes de l'Amérique Latine (IHEAL) / La Documentation française, Paris,  pp. 36-37.






Bibliographie/sitographie concernant Astana et le Kazakhstan :


"La mainmise présidentielle s’est illustrée de manière plus explicite encore au Kazakhstan par le changement de capitale. Le président Nazarbaev apparaît d’ailleurs comme la tête pensante de ce projet : il est souvent présenté comme l’instigateur de la réforme, un homme providentiel, le « grand architecte » de l’indépendance mais aussi du vaste chantier qu’est devenue la ville d’Astana. C’est ce qu’illustre cette phrase, que l’on peut lire dans un musée de la capitale kazakhstanaise : « Astana, la jeune capitale du Kazakhstan souverain, est devenue l’incarnation concrète de la conception eurasiatique du Président de la République du Kazakhstan Noursoultan Nazarbaïev ». La décision unilatérale de déplacer la capitale vers Astana est symptomatique d’une structure pyramidale de l’appareil d’Etat. Le président se trouve au sommet, il règne en maître sur la « destinée » du pays et de la nation. L’impossible remise en question du projet et l’absence de concertation au sein de la classe politique témoignent d’un  processus de « présidentialisation » du pouvoir. Dans un tel contexte, on comprend mieux pourquoi opposition au projet de transfert du centre administratif était synonyme d’opposition au pouvoir en place et donc au président. Sans aller jusqu’à qualifier le projet de caprice présidentiel ou de pulsion mégalomane, le transfert de la capitale apparaît malgré tout comme le projet « fétiche » de Noursoultan Nazarbaïev"

Source : 
Adrien Fauve et Cécile Gintrac, 2009,
"Production de l'espace urbain et mise en scène du pouvoir dans deux capitales présidentielles d'Asie centrale", L'Espace politique, n°8, n°2009/2, paragraphe 10.


dimanche 13 novembre 2011

"La ville face aux crises" (Humanitaires en mouvement n°8)


Le groupe URD (urgence réhabilitation développement) a organisé le 26 avril 2011 une journée d'études consacrée à La ville face aux crises sous le prisme de l'action humanitaire. Les vidéos de cette journée sont disponibles sur le blog Géographie de la ville en guerre et sur le site de l'URD. Suite à cette journée d'études, le groupe URD a publié un numéro de sa revue Humanitaires en mouvement qui reprend les actes des interventions.


"La ville face aux crises", Humanitaires en mouvement, n°8, octobre 2011, 44 p.


" « Tandis que les villes prenaient de plus en plus d’importance, avec l’accélération des processus d’exode rural et d’urbanisation, les conflits de la Guerre Froide orientaient l’action humanitaire vers les campagnes ». Pourtant, face aux guerres de décomposition de la Yougoslavie, dans le contexte de l’immédiat après-guerre froide, les acteurs de l’humanitaire, souvent formés aux pratiques agricoles, vont être confrontés à un fait nouveau : la ville, devenue un théâtre d’opérations pour les militaires, va aussi devenir un espace de l’urgence humanitaire, où se confrontent des défis très divers : guerre, catastrophes, conflits sociaux, troubles politiques, mouvements de déplacés/réfugiés, inondations, insécurité alimentaire... Les crises urbaines sont nombreuses, et le métier des humanitaires a été profondément affecté par ce défi urbain. Proposant les actes de la conférence La ville face aux crises du 26 avril 2011, le numéro 8 de la revue Humanitaires en mouvement fait le point sur ces « crises dans la ville », qui sont peut-être, comme le rappelle François Grünewald dans son édito, des symptômes de la « crise de la ville » (p. 1). Si l’objectif de ce numéro est d’interpeller les acteurs de l’humanitaire à une meilleure compréhension des enjeux de leurs interventions en cours et à venir, il intéresse également les géographes, en questionnant les espaces de l’urgence et de l’intervention humanitaires, en précisant les enjeux de la reconstruction dans des villes affectées par des conflits ou des catastrophes, ou encore en discutant la notion de « ville vulnérable ». "




Source du compte-rendu de lecture : Bénédicte Tratnjek, "La ville face aux crises (Humanitaires en mouvement, n°8)", Les Cafés géographiques, rubrique Des livres, 13 novembre 2011, en ligne : http://www.cafe-geo.net/article.php3?id_article=2303


samedi 12 novembre 2011

"Villes afghanes, Défis urbains. Les enjeux d’une reconstruction post-conflit" (Béatrice Boyer)


Béatrice Boyer, 2010, Villes afghanes, Défis urbains. Les enjeux d'une reconstruction post-conflit, Karthala/Groupe URD, collection Pratiques humanitaires, Paris, 408 p.

"L’Afghanistan serait-il encore une terra incognita ? Certes, des toponymes tels que Kaboul ou la vallée de la Kapisa sont souvent évoqués dans les médias, mais que connaissons-nous réellement de l’Afghanistan ? Qui sont les Afghans ? Où vivent-ils ? Quels sont aujourd’hui les enjeux de la reconstruction dans ce pays, à la veille du retrait des troupes de la coalition internationale engagée dans ce pays depuis 2001 ? Si de nombreux ouvrages, articles et études paraissent sur la question des acteurs et des processus politiques, rares sont ceux à faire le point sur les espaces de vie en Afghanistan. L’ouvrage de Béatrice Boyer n’est pas remarquable seulement parce qu’il se distingue de la littérature existante : il l’est surtout par la qualité des informations et des réflexions que servent une écriture agréable et un recours à de très nombreux cartes et schémas. Se penchant sur les enjeux de la reconstruction dans les villes afghanes, cette urbaniste qui travaille pour le Groupe URD (urgence réhabilitation développement) entraîne le lecteur dans son expérience de terrain, dans « l’ordre et le désordre urbains » afghans, dans les difficultés pour les acteurs de la reconstruction à faire face aux enjeux imbriqués de l’arrivée massive de populations depuis les espaces de combats dans les zones rurales, et aux déficiences urbanistiques préexistantes dans un Afghanistan où les acteurs - y compris ceux de l’aide internationale - peinent à comprendre l’ensemble de la question urbaine".




Source du compte-rendu de lecture : Bénédicte Tratnjek, "Villes afghanes, Défis urbaines. Les enjeux d'une reconstruction post-conflit (Béatrice Boyer)", Cafés géographiques, rubrique "Des livres", 4 novembre 2011, en ligne : http://www.cafe-geo.net/article.php3?id_article=2292




Ressources en ligne
pour aller plus loin


Les espaces de l’humanitaire en Afghanistan :



Des revues sur l'humanitaire :