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vendredi 15 avril 2011

Le chaos règne toujours à Abidjan (Leslie Varenne)

Voici un autre article de la journaliste Leslie Varenne publié hier, jeudi 14 avril 2011, dans La Tribune de Genève (version papier). Si beaucoup de médias se sont empressés de parler d'un "retour à la normale" en Côte d'Ivoire, la situation politique reste instable, l'insécurité dans les rues d'Abidjan est encore grande, et l'incertitude sociale laisse place à une grave crise humanitaire. Le départ de Laurent Gbagbo ne signifie pas l'arrêt immédiat des combats pour les miliciens. Cet article est publié sur ce blog avec l'aimable autorisation de Leslie Varenne (que nous remercions chaleureusement de nous tenir chaque jour au courant de la situation sur place) et de La Tribune de Genève.


Côte d'Ivoire : le chaos et la terreur persiste

"L'anarchie la plus totale règne à Abidjan. Les Forces Républicaines d'Alassane Ouattara sèment le désordre. Dans certains quartiers, les règlements de compte ont commencé. Alassane Ouattara a déclaré mercredi, lors d'une conférence de presse qu'il se donnait un à deux mois pour obtenir la « pacification totale » du pays. L'exercice sera difficile. Il sera d'autant plus ardu, que pour l'instant ce sont ses Forces Républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) qui sèment le désordre.

Abidjan : le far West

Deux jours après la chute de Laurent Gbagbo, quelques voitures ont recommencé à circuler dans la ville. Mais la traversée Abidjan relève toujours de l'exercice périlleux. Hormis dans les quartiers où la force Licorne est présente, l'anarchie et le désordre règnent. Les FRCI érigent des barrages sur les routes et contrôlent les véhicules. Mais ces soldats de fortune, nus pied et en haillons, kalachnikov à la main effraient plus qu'ils ne rassurent. Certains circulent dans des pick-up, d'autres dans des voitures banalisées dérobées aux habitants. Des groupes pavoisent dans des voitures de luxe décapotables mitraillette pointée en l'air. Fiers, ils contrôlent les papiers des véhicules et des passagers, sans reconnaître les documents qu'on leur présente. La nuit dernière, ils se sont livrés à des pillages en règle . Dans leur viseur, les domiciles des ex dirigeants de l'ère Gbagbo. Ses jeunes gens qui composent les FRCI, sont pour la plupart des gamins désœuvrés qui ont été recrutés dans le Nord du pays, fief de Guillaume Soro, Premier ministre d'Alassane Ouattara. « A Bouaké, on a travaillé et nous n'avons pas été payé » justifie l'un deux. Lors de sa conférence de presse, Alassane Ouattara a déclaré : « Tous les soldats des Forces républicaines qui seront identifiés comme ayant été des pilleurs seront radiés des Forces républicaines.» Preuve que le Président a pris conscience de l'ampleur du problème. Pour l'instant, les FRCI restent les seuls maîtres d'Abidjan. Policiers et gendarmes officiant sous le régime de Laurent Gbagbo se sont évaporés dans la nature. « Comment voulez-vous que ces forces rejoignent leur poste ? Les forces qui ont travaillé pour Laurent Gbagbo vont se retrouver face aux FRCI qui vont les pourchasser. » assure ce militaire. Mardi, le Général Mangou, Chef d'Etat major des armées de Laurent Gbagbo a fait allégeance à Alassane Ouattara. Un soulagement pour le Président qui espère que ce ralliement ramènera ces fonctionnaires au bercail. « Le chaos qui règne en ville devrait être terminé dimanche » assure optimiste un responsable de la coalition pro-Ouattara.


Règlement de compte

Pendant toute la période post-électorale, les pro-Gbagbo ont tués, égorgés, brûlés vifs les pro-Ouattara. La terreur a changé de camp. Selon plusieurs témoins, dans le quartier de Koumassi aujourd'hui les pro-Ouattara ont attrapé les pro-Gbagbo et se sont vengés. Des scènes d'horreur « terribles » selon ces témoins. A Yopougon les combats meurtriers opposant patriotes et pro-Ouattara durent depuis deux jours. Pour la pacification du pays, qu'Alassane Ouattara appelle de ses vœux, il faudra encore attendre..."

Leslie Varenne, La Tribune de Genève, jeudi 14 avril 2011.


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