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jeudi 28 janvier 2010

Européanité


Un peu éloigné du thème du mois sur l’Europe après le Traité de Lisbonne, ce billet se propose d’interroger les caractéristiques de l’européanité, à partir de la monnaie comme mise en visibilité d’une volonté de faire le lien entre les peuples (pas seulement en termes économiques, mais également en termes symboliques). Petit voyage dans une géographie comme « arme de soutien » aux études stratégiques.




La monnaie est un pouvoir régalien (il n’est pas « innocent » d’avoir vu les Etats de la zone euro abandonner ce pouvoir), dont il est intéressant d’analyser les symboles, choisis volontairement pour prôner un discours prônant pour une identité collective. Européanité ? Pourquoi un mot compliqué ? Le géographe Jacques Lévy a proposé ce concept, néologisme constitué à partir du suffixe – ité (le même que celui d’identité, utilisé dans des concepts tels que la nationalité, la ruralité et l’urbanité, qui l’on ne peut confondre avec respectivement la nationalisation, la ruralisation ou l’urbanisation, le suffixe –isation signifiant le processus) pour désigner la qualité de ce qui fait d’un Européen un Européen.


Lire la suite sur le site Alliance géostratégique -->


lundi 25 janvier 2010

"Villes et traumatismes : émergence d'un point de vue d'anthropologie urbaine"


"Villes et traumatismes :
émergence d'un point de vue d'anthropologie urbaine"


La conférence d'Anne Raulin (professeur à l'université Paris-Ouest Nanterre) est donnée dans le cadre du Séminaire d'Anthropologie Générale, ouvert à tous et organisé par le LISST-Centre d'Anthropologie Sociale, le GREMOC et le Centre de Toulouse de l'EHESS. Elle aura lieu le vendredi 5 février 2010 à 14h00 à la Maison de la Recherche de l'Université du Mirail (Toulouse), dans la salle B431.



Les travaux de recherche d'Anne Raulin se sont structurés autour de trois axes :

* Caractériser les temporalités urbaines et définir les rapports que mémoire, histoire, utopie, entretiennent avec les espaces de la cité en les observant en situation, à Paris et à New York, tout en suscitant des approches comparatives entre unités significatives.

* Développer la thématique des minorités urbaines, incluant la notion de centralité minoritaire qu’elle avait dégagée au cours de ses travaux sur le rôle des diasporas commerçantes dans l’économie symbolique des grandes métropoles et leurs recompositions cosmopolites.

* Réinvestir la notion de personne, dans ses variations anthropologiques, comme élément de la construction culturelle, en revisitant sous cet angle l’histoire de l’anthropologie nord-américaine, le courant "Culture et personnalité" (en particulier Margaret Mead & Abram Kardiner) ou ses origines (Lewis Henry Morgan).



Source de l'information : l'excellent (et très pratique !) site Crévilles qui propose une veille sur toutes les actualités en études urbaines.

"Lignes stratégiques"


L'équipe de l'Alliance géostratégique (AGS) propose un nouveau blog qui permet de mutualiser toutes les notes de lecture des bloggers du webzine, ainsi que des comptes-rendus de films, d'expositions, de lectures diverses... Retrouvez donc dans ce blog, intitulé Lignes stratégiques, une importante base de données sur toute littérature sur les questions de défense (stratégie, géopolitique, géographie, histoire, relations internationales...) qui permettra à chacun de se retrouver dans l'importante bibliographie (parfois inégale) existant sur les questions de conflits et les enjeux de défense.


A titre d'inauguration, la note de lecture de l'ouvrage La Russie menace-t-elle l'Occident ? de Jean-Sylvestre Mongrenier, proposée par Mon blog Défense. Le blog sera rapidement complété par les notes de lecture de tous les autres membres d'AGS.






dimanche 24 janvier 2010

"La BD s'en va-t-en guerre"


Signalé par l'excellent blog Samarra qui propose des billets sur l'art (musiques, bandes dessinées, films...) comme outil pour montrer et comprendre les enjeux historiques, géographiques et géopolitiques du monde, le documentaire La BD s'en va-t-en guerre réalisé par Mark Daniels sera diffusé ce lundi 25 janvier à 23h15 sur Arte, à l'occasion de l'ouverture du Festival de la Bande dessinée à Angoulême.


Présentation du documentaire :
"La BD s’en va t-en guerre s'attache à décrire en profondeur comment des auteurs novateurs comme Joe Sacco, Art Spiegelman, Joe Kubert et Marjane Satrapi transposent des récits douloureux et violents en mots et en dessins.

Le film explique non seulement l'approche des nouvelles BD documentaires, mais restitue leur impact via un style visuel accrocheur qui alterne entre le monde « réel » - photographique - et celui - recréé - des bandes dessinées des reporters de guerre. Images de journaux télés, vidéo familiales, photographies et dessins sont utilisés pour comprendre comment ces auteurs déforment la « réalité » pour mieux décrire le « réel ». La BD s’en va t-en guerre explore les répercussions journalistiques, esthétiques et politiques que suscite la description des tragédies humaines les plus violentes et les plus terribles via la BD."


A lire sur la bande dessinée et la guerre :
Le blog Samarra animé par un collectif de professeurs d'histoire-géographie, qui ont produit des billets, notamment, sur Joe Sacco (connu pour ses bandes dessinées sur guerre de Bosnie-Herzégovine et le conflit israélo-palestinien), sur le manga Gen d'Hiroshima, sur Ted Rall (journaliste, auteur de bande dessinée sur le conflit afghan).

Le site La BD réalisé par le CNDP (Centre national de documentation pédagogique) qui propose de nombreux commentaires sur les bandes dessinées très diverses, notamment autour des zones de conflits (avec par exemple, un dossier sur les BD traitant du conflit afghan).


mardi 19 janvier 2010

Les Balkans en musique



Balkanofonik 2010

Comme l'an dernier, le Courrier des Balkans organise les Balkanofonik le vendredi 5 février à partir de 19h au Cabaret Sauvage (211 avenue Jean Jaurès - Paris 19ème arrondissement) pour réunir les Balkanophiles autour de la culture balkanique. Pour des informations plus détaillées (notamment sur les musiciens), voir l'annonce sur le site du Courrier des Balkans.

Au programme :
"La projection de Qui chante là-bas ? (Ko to tamo peva ?), réalisé par Slobodan Sijan. Tourné en 1980 et sélectionné à Cannes (Un certain regard), ce road movie est une fable corrosive pour le moins déjantée. Véritable allégorie de la Yougoslavie en voie d’implosion, découvrez l’un des films les plus appréciés dans les Balkans !

De 21h à 1h, quatre heures de musique pour explorer la richesse musicale des Balkans, des sons traditionnels aux rythmes actuels. Accordéon, cuivres, cordes, percussions et même console MPC, il y en aura pour tous les goûts.

Le Haïdouti Orkestar ouvrira le bal en présentant Tek Tek, son nouveau disque tourné vers les sonorités vernaculaires turques et serbes. Le Ziveli Orkestar à l’inimitable groove cuivré illuminera ensuite la scène pour un concert inédit, accompagné par la sublime voix de la chanteuse Suzanna Djordjevic. Et le fantasque Raki Balkans Sound System clôturera la soirée de son Dj set festif et décalé.

C’est sûr, le 5 février, l’ambiance sera aussi chaude que votre gorge après un verre de Rakija !

BalkanofoniK 2010 est une soirée de soutien au Courrier des Balkans. Un espace associatif et une libraire dédiée aux Balkans seront accessibles toute la soirée."



Slonovski Bal, un groupe balkanophile

Sur la question de la musique des Balkans, ses influences, sa diffusion, sa place dans le quotidien, écoutez l'émission proposée sur l'audioblog Autreradioautreculture proposée par Arte, avec pour invité le groupe Slonovki Bal, un groupe proposant d'aller à la rencontre du répertoire des musiques des Balkans (ce groupe s'est d'ailleurs produit en novembre 2009 sur invitation du Courrier des Balkans). Première partie de l'émission, et sa deuxième partie.



lundi 18 janvier 2010

"Atlas des mafias" (Fabrizio Maccaglia et Marie-Anne Matard-Bonucci)


Pourquoi parle-t-on dans certains cas de mafias, et dans d’autres de réseaux criminels ? S’il y a bien mondialisation des activités mafieuses, y a-t-il pour autant a-territorialisation des mafias ? Comment les mafias pérennisent-elles leurs trafics par le biais d’un contrôle territorial dans certaines parties du monde ? Quelles différences entre les mafias siciliennes, les yakuza japonais, les triades chinoises, les cartels latino-américains ou la criminalité organisée dans les Balkans ? C’est à autant de questions que se propose de répondre ce remarquable atlas des mafias proposé par Fabrizio Maccaglia (maître de conférences en géographie à l’université de Tours) et Marie-Anne Matard-Bonucci (professeur d’histoire contemporaine à l’université de Grenoble II). Dans la tradition de la collection proposée par Autrement, cet atlas est riche en cartes, schémas et graphiques, qui sont complétés par des textes synthétiques et thématiques. Cet atlas vient habilement compléter la littérature - parfois abrupte et réservée aux spécialistes - existante sur la question de la criminalité organisée et mafieuse.





vendredi 15 janvier 2010

Port-au-Prince, géographie d'une ville vulnérable : la catastrophe et la ville



Le récent séisme dans la ville de Port-au-Prince questionne non seulement sur la question des risques, mais également celle de la vulnérabilité des villes face aux catastrophes, non seulement en terme de dégâts matériels, mais également en termes d'acceptabilité au vu de ces dégâts. On avait déjà abordé ces questions dans un billet intitulé "La ville vulnérable : risques et images du risque à Port-au-Prince", suite à l'effondrement d'une école dans la commune de Pétion-Ville, dans la localité des Nérettes, le 7 novembre 2008. Ces quelques éléments sur les vulnérabilités de la ville avait mis en exergue l'interaction entre les sociétés et leur environnement au prisme du risque comme construit social (voir les différentes définitions du risque en géographie).

Le choix d'avoir développé ces réflexions à partir du cas de la ville de Port-au-Prince n'était pas seulement le fait d'un événement médiatisé (l'effondrement de l'école avait provoqué la mort de plus de 90 personnes), mais avant tout parce que Port-au-Prince est synptômatique des vulnérabilités urbaines : capitale d'un pays pauvre en proie à des déchirements violents (voir le billet "Port-au-Prince : la capitale d'un pays sous tension"), Port-au-Prince est une ville-enjeu dans les affrontements politiques et sociaux qui menacent l'équilibre fragile obtenu par le déploiement d'une opération militaire des Nations Unies, la MINUSTAH. "Port-au-Prince est alors en proie à un double mouvement de violences : d'une part, des violences politiques (visant le renversement du gouvernement), d'autre part des violences "ordinaires" (selon la définition de Jérôme Tadié) à travers une guerre de gangs. La principale mission de la MINUSTAH est alors d'enrayer ce cercle vicieux de la violence, afin d'instaurer un climat serein et d'établir un processus durable de stabilisation du pays" (extrait du billet sur "La situation en Haïti").





Le facteur catastrophe du séisme survenu le 12 janvier 2010 ne suffit pas à expliquer l'étendue des dégâts dans la capitale haïtienne. La pauvreté de la ville est l'un des facteurs déterminants, et explique la géographie des destructions dans la ville aux lendemains de la catastrophe. D'une part, du fait de la pauvreté des habitants. Ainsi, la croissance urbaine dans ce pays pauvre s'est doublée d'un afflux de populations que les autorités ne parvenaient pas à gérer, notamment en termes d'habitat. L'entassement de très nombreux habitants dans les bidonvilles (risques sociaux), pour beaucoup construits dans des zones insalubres (risques sanitaires), a fortement accentué la vulnérabilité de la ville face à ce séisme : les habitations des bidonvilles (qu'elles soient en dur ou non) sont non seulement construites avec des matériaux inadaptés aux risques sismiques importants de l'île, mais également elles sont établies sur des zones où le sol est particulièrement meuble, et donc renforce les dégâts lors de catastrophes sismiques (même lors de séismes à l'amplitude bien plus restreinte).






D'autre part, la pauvreté même de l'Etat doit être soulignée : ce ne sont pas seulement les habitations des quartiers pauvres et des bidonvilles qui se sont effondrées, mais bien l'ensemble des infrastructures de la ville. Ainsi, même les infrastructures officielles, telles que le palais présidentiel (les photographies aériennes ci-dessus montrent ce quartier avant et après le séisme. Voir également une photographie du palais présidentiel, derrière la statue du Marron inconnu, symbolisant la fin de l'esclavagisme) sont construites sans précaution des mesures de protection anti-sismique (l'exemple de l'école effondrée en novembre 2008 montre que même des bâtiments publics pouvaient ne même pas tenir compte des normes officielles en termes de réglementation des constructions : voir l'article consacré à cet événement sur le blog Planète Vivante : "Haïti, une fois encore n'est pas épargnée"). De plus, cette dimension se transfère également sur le système éducatif : contrairement à des pays comme le Japon (où des séismes d'une amplitude similaire, qui investissent certes en termes d'infrastructures mais également en termes de formation des populations à la gestion du risque. Il ne s'agit pas de dire que seuls les aspects économiques et sociaux sont responsables de l'étendue des dégâts (bien évidemment la magnitude du séisme et la localisation de l'épicentre sont des facteurs déterminants dans la compréhension des destructions liées à la catastrophe : voir la partie consacrée aux séismes dans les fiches techniques du blog Planète Vivante animé par la géographe Marie-Sophie Bock-Digne), mais de montrer que le risque sismique, alors qu'il est partiellement géré dans les pays développés (systèmes de surveillance performants ; plans de prévention des risques ; équipements adaptés tels que les constructions anti-sismiques ; systèmes d’alerte efficaces ; secours coordonnés et adaptés ; campagnes d’information et de sensibilisation ; forte réglementation des sites classés dangereux), est subi dans les pays pauvres.

Mais la vulnérabilité ne s'exprime pas seulement à l'échelle du pays, ou même d'une ville. Les enjeux de cette approche par les risques sont multiscalaires, et mettent en scène une profonde injustice spatiale (voir notamment les problématiques abordées dans la revue Justice spatiale). Au-delà de l'aspect aléa, les quartiers sont inégalement touchés non seulement par le séisme lui-même, mais également par l'aide humanitaire et sociale qui en découle. Les enjeux de la reconstructions après une catastrophe sont aussi l'occasion d'une mise en scène de l'inégalité de la distribution de l'aide, notamment en termes de reconstruction (les quartiers centraux sont souvent très médiatisés, comme le montre le choix des images par les média sur cette catastrophe, avec une grande focalisation sur les bâtiments centraux : certes, l'aspect sensationnel recherché par les média est plus démonstratif dans l'effondrement de très grands bâtiments, mais également cette focalisation démontre un choix dans les priorités à venir dans le processus de reconstruction : on retrouve là les mêmes risques sociaux abordés dans le cas des reconstructions des villes dans l'immédiat après-guerre, liés à un processus de reconstruction inégalitaire : voir le billet "Les risques de la reconstruction").

Ces risques sociaux de l'immédiat après-catastrophe sont également liés à la question de la distribution de l'aide en termes de vivres, de médicaments et de soins, d'eau potable... Entre la question de l'accessibilité de certains quartiers (du fait de l'effondrement d'infrastructures vitales pour l'accès aux quartiers ou de l'entassement des ruines sur les voies d'accès) et l'inégale mise en priorité de certains quartiers vis-à-vis d'autres, la ville de l'immédiat après-catastrophe est, elle aussi, particulièrement vulnérable : risques alimentaires pour une très grande partie de la population (le manque d'accessibilité pour les avions faisant parvenir l'aide internationale prive la population d'une aide alimentaire plus que nécessaire dans une ville où tous les réseaux de distribution et les centres de stockage ont été détruits ou sont bloqués en termes d'accessibilité), risques sanitaires également (non seulement au vu du manque de soins, du manque de personnels médicaux face à l'ampleur de la catastrophe, du manque de médicaments, mais aussi en termes d'insalubrité dans de nombreuses zones détruites, de problèmes respiratoires au vu du nuage de fumée dégagé par l'effondrement des bâtiments, et des problèmes médicaux liés au manque d'eau potable et d'alimentation. Le bilan de la catastrophe ne se limite donc pas aux seuls morts dans les effondrements.

Par conséquent, comprendre les dimensions spatiales d'une ville qui vient de subir une catastrophe est nécessaire, non seulement pour rendre l'aide humanitaire efficace (les densités de population dans tel ou tel quartier permettent par exemple de procéder à une distribution d'eau, de vivres et de médicaments équilibrée et adaptée aux besoins : voir l'excellent billet sur "L'utilité des images satellites et de la cartographie pour les interventions humanitaires" sur le blog Planète Vivante). Mais l'approche spatiale est aussi un mode de réflexion opératoire pour saisir les risques dans le long terme, notamment en termes de frustrations sociales (personnes restant en attente de retour dans des habitats sécurisés et salubres, personnes déplacées dans des camps de fortune, quartiers défavorisés par l'aide humanitaire et la progression de la reconstruction...) et de détournements politiques de ces frustrations dans le processus de reconstruction de la ville.




A lire sur la question :

* Le blog Planète Vivante qui consacre de nombreux billets sur la géographie des risques, parmi les quels on retrouvera notamment l'excellent billet sur la "Localisation des zones touchées par le séisme à Port-au-Prince (Haïti) 15 janvier 2010" (on reviendra sur la question des conséquences spatiales de cette catastrophe dans un prochain billet) ;

* Le blog L'humanitaire dans tous ses Etats dans lequel on retrouvera de nombreux billets sur la question de l'aide humanitaire déclenchée suite au séisme du 12 janvier 2010 à Port-au-Prince. Ces billets permettent notamment de prendre conscience de la diversité de l'aide nécessaire, depuis l'eau potable, les vivres et les médicaments, en passant par le ramassage des cadavres (pour des raisons sanitaires évidentes), l'aide pour fournir un toit aux survivants...



Les Balkans sur Internet


Voici une sélection de liens vers des sites spécialisés sur les questions balkaniques. Tous les flux RSS de ces blogs ou sites sont à retrouver dans la page "Balkans" sur le Netvibes de Géographie de la ville en guerre (qui s'enrichira avec le temps d'autres liens !).



La presse spécialisée

Le site du Courrier des Balkans est incontestablement une source très riche pour tous ceux qui s'intéressent à la question des Balkans. L'équipe de journalistes traduit ainsi une grande sélection d'articles parus dans la presse locale, et produit également des articles propres sur les questions primordiales de cette aire régionale. Les thématiques couvertes sont très larges et permettent d'obtenir des informations neutres sur cet espace sous tension. De plus, le moteur de recherche interne au site permet de consulter les articles de presse par pays ou région (voir, par exemple, la page Bosnie-Herzégovine et la page Kosovo), par thème(armées et conflits, éducation, politique, santé, culture...) ou par date.



Les revues scientifiques

Deux revues sont entièrement consacrées à la question des Balkans :

* la revue Balkanologie, créée en 1997, éditée par l'Association française d'études sur les Balkans (AFEBALK, qui organise de nombreuses conférences sur les Balkans et dont le site recense les liens Internet et les études balkaniques produites en France), à raison de deux numéros par an.

* la revue Etudes balkaniques, qui se donne pour objectif de présenter les recherches interdisciplinaires sur les mondes hellénique et balkanique, éditée par l'Association Pierre Belon, à raison d'un numéro par an.

Ces deux revues sont accueillies par la plate-forme Revues.org et leurs numéros les plus anciens sont disponibles en texte intégral.

On retrouvera également une rubrique entièrement consacrée aux Balkans dans la revue en ligne Regard sur l'Est (fondée en 1996, la revue fonctionne par le biais de 4 numéros par an, auxquels s'ajoutent de nombreux articles brefs qui sont autant de réactions de chercheurs, de journalistes et d'acteurs politiques sur des situations "chaudes").



Les blogs

* Le blog d'Yves Tomic, historien spécialiste des questions balkaniques, co-fondateur de la revue Balkanologie, qui se présente comme un carnet de recherches, dans lequel l'auteur aborde les points de tension (par exemple, les discussions sur la refonte des Accords de Dayton en Bosnie-Herzégovine ou le déroulement des négociations quant au statut du Kosovo). Animé depuis novembre 2005, ce blog présente ainsi des points de tension actuels autant que des retours sur des événements passés, tout particulièrement sur les Etats issus de la décomposition de la Yougoslavie.

* Balkanium est un blog créé en août 2008 présentant de très nombreuses informations sur les Balkans, tout particulièrement géocentré sur la question de la Croatie. L'auteur se propose ainside traduire de nombreux articles sur des questions très variées et de les diffuser.

* Blog de veille sur les droits de l'homme en Serbie est également un blog d'informations géocentré sur la Serbie, animé par Dragan Grcic, qui propose un regard sur les situations juridiques et sociales en Serbie. De par ses origines serbe et croate, l'auteur entend ainsi présenter ces informations pour améliorer les connaissances du public francophone sur la question de la construction démocratique en Serbie.

* Kosovo 2009 Mission EULEX Gendarmerie est le blog tenu par l'adjudant Bruno Koeger lors de sa mission dans la ville de Mitrovica entre mi-mars et mi-décembre 2009. Dans ce blog-témoignage, quelques réflexions, sentiments, et photographies qui se présentent tels un carnet de mission au Kosovo.

Il existe par ailleurs de nombreux blogs en sommeil sur les questions balkaniques (tels que celui de la journaliste Snejana Jovanovic sur la question du Kosovo, ou le blog de Mickael Wilmart Paris-Tirana : les sciences sociales & les Balkans qui se présentaient comme le carnet de recherche d'un doctorant travaillant sur l'Albanie, qui fait encore part de ses réflexions sur son nouveau blog, plus généraliste, Les carnets de mon accin).


Des blogs sur l'Union européenne


Le thème du mois de l'Alliance GéoStratégique est consacré à "L'Europe après Lisbonne". L'occasion de présenter une petite sélection de blogs sur les questions de la construction européenne et de la défense européenne.



Sur le chemin de la construction européenne
Le blog Sur le chemin de la construction européenne se présente sous la forme d'un carnet de recherches, animé par Samuel Faure, doctorant en sciences politiques, chargé de mission en Etudes européennes au Ministère de la défense. Il propose des réflexions et des analyses sur le processus d'intégration des nouveaux Etats membres et sur le processus de construction des institutions de l'Union européenne.


Bruxelles 2 Europe de la défense
Le blog Bruxelles 2 Europe de la défense, animé par Nicolas Gros-Verheyde (journaliste), est consacré à la question de l'Europe de la défense. Alimenté de billets très réguliers, il propose de nombreuses réflexions tant sur les institutions en construction de l'Europe de la défense que sur les interventions militaires (Bosnie, Kosovo, Géorgie, Moldavie / Ukraine, Afghanistan, Irak, Palestine, Congo RDC, Guinée-Bissau, Océan indien, Somalie, Tchad...) de l'Union européenne.


Europa défense
Créé en décembre 2009, le blog Europa défense analyse lui aussi les enjeux de la construction d'une Europe de la défense, au prisme de thèmes très diversifiés (tels que les interventions militaires, les enjeux des grands rendez-vous de la scène internationale, les procédés de la lutte contre le terrorisme...).


Quoi de neuf en Europe
Un blog, animé par Dominique Aguilar, consacré aux questions juridiques concernant les questions européennes. Docteur en droit public, international et européen, elle propose dans Quoi de neuf en Europe des réflexions liant les questions juridiques et les enjeux politiques dans la construction européenne. A suivre pour comprendre le fonctionnement des institutions de l'UE.



jeudi 14 janvier 2010

Deux blogs de géopolitique


Voici deux découvertes récentes concernant des blogs en géopolitique qui abordent des thématiques assez différentes, mais toutes deux stimulantes !


La géographie scolaire, outil géopolitique
C'est le blog Jean-Pierre Capmeil, docteur en géopolitique de l'Université Paris 8, auteur d'une thèse intitulée LA GÉOGRAPHIE SCOLAIRE, OUTIL GÉOPOLITIQUE, Trois représentations de la Nation France dans les manuels de géographie (1880-1999) soutenue en 2002. Sur le blog La géographie scolaire, outil géopolitique. Représentations de l'identité nationale française dans les manuels scolaires de géographie ouvert en avril 2009, l'auteur nous invite donc à découvrir ses recherches sur cette thématique, et développe les points de ses recherches en cours. Au programme, des billets portant sur des réflexions sur les choix de sujets de brevet des collèges, sur le concept de Nation, sur la façon d'enseigner la perte de l'Alsace-Lorraine dans le secondaire... Des réflexions qui ne s'adressent donc pas seulement aux enseignants, mais également à tous curieux de géopolitique !


Alter vs Ego
Le blog Alter vs Ego, accueilli par la plate-forme Hypothèses depuis décembre 2009, se présente comme un carnet de recherche sur les questions d'ethnicité et de multiculturalisme. L'identité est donc au coeur des analyses de ce blog, dont l'intérêt est particulièrement grand, comme le prouve l'exemple de ce billet intitulé "Pour une géopolitique des visas", dans lequel l'auteur prpose quelques réflexions prônant pour une analyse de la diffusion des visas et de leur importance diplomatique, cartes à l'appui. Le blog d'André Sleiman (doctorant en sociologie à l'EHESS, travaillant sur la question identitaire au Liban), à lire et à recommander !



dimanche 10 janvier 2010

La paix par l'éducation ? De la carte au discours


Le magazine Diplomatie publie dans son n°42 (janvier/février 2010) une carte du taux d’alphabétisation dans le monde, rappelant combien l’accès à l’éducation reste profondément inégalitaire, que ce soit à l’échelle mondiale ou à l’échelle locale. Ce type de cartes est bien connu : on le retrouve d’ailleurs dans les manuels du secondaire, dans de nombreuses cartothèques sur Internet (telles que celle de La documentation française, de l’atelier cartographique de Sciences Po ou du site Population Data…) ou dans les sites des grandes organisations internationales (telles que l’UNICEF). Des cartes qui sont souvent mises en avant pour leurs vertus pédagogiques et démonstratives. L’originalité ne vient pas, dans cette brève proposée par le magazine Diplomatie, de la carte, mais bien du titre et du texte qui l’accompagnent. Si la carte de l’(an)alphabétisation est "habituellement" associée à l’idée d’inégal développement, ici la carte est utilisée pour un autre type de discours (voir le billet sur la carte-discours) : "la paix par l’éducation".

Le choix de cartographier le contraste entre alphabétisme et analphabétisme dans cette carte (marqué par l’utilisation d’un dégradé de couleurs allant du vert au rouge, ancrant ainsi l’effet contraste dans le sentiment qu’évoque cette carte au lecteur de l’article qui l’accompagne) prône déjà pour une mise en exergue des bienfaits de l’éducation (qu’il ne s’agit bien évidemment pas ici de remettre en cause !). Quelques mots accompagnent le texte et sont mis en valeur par le jeu de mise en forme de la page : "Faire de l’éducation une force qui réunit les peuples, les nations et les cultures pour construire un monde en paix et un avenir durable". C'est le message envoyé par l'United World Colleges (UWC) par le biais de cette carte et du commentaire qui lui est associé, présentant l'action de ce mouvement associatif qui se donne pour objectif de mener chaque année 1.500 jeunes de provenance diverse au baccalauréat international.

Le "challenge" tel qu'il est appelé par l'UWC permet avant tout de mettre en exergue la superposition possible entre les cartes de l'analphabétisme et celles des conflits dans le monde, en permettant au lecteur de l'article d'immédiatement faire coïncider mentalement les zones de fort analphabétisation et les zones de forte violence. Une carte est donc un discours non seulement pour les messages qu'elle véhicule elle-même, mais également parce qu'elle fait appel à tout un imaginaire spatial auquel les lecteurs vont être confrontés au regard de cette carte.

Bien évidemment, savoi lire, écrire, compter et avoir accéder à une éducation permettant la formulation et la structuration de ses idées est nécessaire pour contrôler non seulement son quotidien (dans l'accès au marché du travail, dans les contacts avec les commerces ou les diverses institutions, dans l'accès aux ressources juridiques...), mais aussi de mieux comprendre les enjeux électoraux au-delà des arguments démagogiques de certains candidats politiques.

Pourtant, la carte et le discours qui l'accompagne gênent : seules les vertus de l'éducation sont mises ici en valeur. Cependant, la carte occulte certaines zones de conflits (latents ou ouverts, médiatisés ou oubliés) : la région du Caucase, les Balkans et l'Asie centrale sont, par exemple, figurées dans les zones alphabétisées de 95 à 100 %. Est-ce réellement le cas pour la Tchétchénie, le Kosovo ou l'Afghanistan ? Bien évidemment, une carte de la répartition de l'alphabétisation par pays ne laisse pas la place aux disparités internes. Mais, le cas de l'Afghanistan questionne (que ce soit à l'échelle locale ou à l'échelle nationale), après quelques vingt ans de conflits quasiment incessants...

De plus, d'autres points doivent être soulevés, comme le montre le cas de l'Asie centrale. Un Etat comme le Turkménistan n'est certes pas en guerre : pourtant, si le lien entre éducation et paix semble être établi par cette carte-discours, il est nécessaire d'interroger les formes d'éducation et de paix. Parce que l'éducation dirigée et contrôlée sert aussi à la dictature (le cas de la ré-écriture de l'histoire personnelle du Turkmenbashi, ancien dirigeant à vie du Turkménistan, devenu Père de la Nation, héros, mythe incontournable, fondateur et élément indétrônable de l'Etat, est éloquent !).

L'éducation, par exemple par le biais des mythifications et des falsifications de l'histoire ou des utilisations détournées des concepts géographiques, mais aussi au prisme de l'enseignement de la langue ou par les manques volontaires créés dans le système éducatif, peut également être une incitation à la haine : on ne compte plus les manuels d'histoire prônant pour la légitimité d'un peuple sur un territoire approprié et identitaire, couplés de manuels de géographie aux cartes tronquées et détournées (pour l'exemple, le chapitre n°8 de l'ouvrage de Michel Sivignon, Les Balkans. Une géopolitique de la violence, confronte 2 cartes de la Bosnie-Herzégovine extraites l'une d'un manuel scolaire distribué en Fédération Bosno-Croate, et l'autre d'un manuel scolaire de la Republika Srpska : la vision ainsi enseignée aux jeunes enfants de leur territoire montre bien à quel point l'éducation peut aussi être un outil de rejet de "l'Autre". Voir également le dossier du Courrier des Balkans sur l' "Education : des manuels scolaires qui sèment la haine ?").

La paix par l'éducation, certes ! Mais cette approche ne doit pas faire l'économie d'une réfléxion sur les méfaits d'une éducation contrôlée et falsifiée, source de nombreux points de tension : parce que l'éducation peut elle aussi permettre de contrôler les masses et de les "formater" pour qu'elles acceptent un discours haineux. Au coeur des préoccupations de la violence éducative (dont la reconnaissance par les organisations internationales est très récente et reste pour l'heure très discrète : voir, par exemple, le Café géo sur "Géographie de la violence éducative, un tour du monde des châtiments corporels infligés aux enfants" avec Olivier Maurel, ainsi que le rapport proposé par l'Observatoire de la Violence Education Ordinaire OVEO sur la "Géographie de la violence éducative ordinaire par continents et par pays") non seulement au prisme de violences physiques qui pourraient être reçues, mais également par le biais d'une violence faite à l'esprit critique des enfants, ce sujet aux enjeux spatiaux et temporels mérite l'attention, ne serait-ce que pour sensibiliser les enfants qui ont accès aux vertus de l'éducation sur l'intérêt qu'ils peuvent en tirer, au-delà d'une bonne note !


=> L’idée n’était pas ici de mettre en cause l’action ou l'idéal de l’association UWC ou la mise en avant du nécessaire besoin d'éducation pour contrer la violence et la guerre (ni même l'article qui se propose seulement de présenter, par le biais d'une illustration sous forme de carte, l'action d'UWC), mais avant tout de montrer que si l’on dénonce souvent l’utilisation propagandiste de la carte (dans le cas des guerres ou plus encore dans celui des dictatures), la carte-discours est toujours une réalité en soi, dans la mesure où elle ne peut être comprise dans sa totalité sans connaître les intentionnalités de son auteur et/ou commanditaire (même dans les cas où ce message a des vertus pédagogiques, ces intentions doivent être prises en compte).




Ces quelques commentaires sur la carte-discours et la place de l'éducation dans la gestion des conflits sont issus de la lecture de l'article : "La paix par l'éducation", Diplomatie magazine, n°42, janvier/février 2010, p. 13.


vendredi 8 janvier 2010

La guerre, la ville et les mobilités


Dans la série des billets consacrés à l'analyse d'une thématique au prisme du lien entre ville et guerre, toujours en référence à l'ouvrage de Jean-Louis Dufour, La guerre, la ville et le soldat (Odile Jacob, 2002), voici quelques éléments de réflexion sur les mobilités des habitants dans les villes en guerre. Si l'on présente souvent les mobilités des militaires d'une force intervenant dans les villes dans l'objectif d'un rétablissement de la paix, ce billet se propose de présenter quelques points sur les mobilités éprouvantes des habitants eux-mêmes qui voient leurs pratiques spatiales totalement bouleversées par la guerre au sein de leur espace de vie. Les mobilités sont éprouvantes dans le sens où elles ne recouvrent pas seulement des logiques de transport et de modalités de déplacements, elles sont aussi un vécu qui met en scène à la fois les pénibilités ordinaires (dues aux inégalités sociospatiales de la ville) et les pénibilités "extraordinaires" (dues aux recompositions spatiales dans la guerre). On postule donc pour trois types de mobilités éprouvantes dans la ville en guerre : les mobilités restreintes, les mobilités contraintes, et les mobilités forcées.



Les mobilités restreintes dans une ville en guerre

Par mobilités restreintes, on entend les mobilités "ordinaires" (celles qui définissaient les pratiques spatiales dans le contexte de l'avant-guerre) bouleversées par l'émergence de nombreuses lignes de fracture (qu'elles soient matérialisées comme les lignes de front, les barricades, les murs... ou qu'elles soient vécues comme des frontières immatérielles) qui restreignent les espaces de vie des habitants. La guerre crée ou exacerbe ainsi des frontières vécues qui se juxtaposent aux inégalités sociospatiales de l’avant-guerre : on retrouve ici les questionnements (voir les billets "Villes en guerre et fragmentations" et "Lignes de fractures et fragmentations : "l'éclatement" de la ville dans la guerre") sur le "quartier-territoire" en tant que territoire du quotidien dans lequel les habitants se replient au gré de la dangerosité réelle (celle des combats) et vécue (fruit de la peur). La fragmentation de la ville en guerre permet ainsi d’analyser les "territoires interdits" et les modalités de la privation de la liberté de déplacement, entre interdiction par les groupes armés et interdiction vécue en fonction de l’appartenance ethnique, sociale et/ou politique des individus. Une géographie de l’enfermement se dresse alors à plusieurs échelles : celle de l’habitat (qui met en scène une dialectique dedans/dehors) et celle du quartier. A l’échelle du quartier, une profonde injustice spatiale se dessine en fonction de la place de l’individu dans la société, qui "formate" ses mobilités au prisme du degré de dangerosité que représente pour lui le quartier. Certains hauts-lieux de l’enfermement paraissent "évidents" (tels que les barricades ou les murs) ; d'autres semblent être au contraire des hauts-lieux de l’échange (tels que les ponts, comme dans le cas de Mitrovica : voir le billet "Des ponts entre les hommes"). La question des mobilités restreintes permet ainsi de questionner les inégalités spatiales dans les territoires du quotidien au prisme de l’appartenance communautaire, sociale et politique : l'enfermement n'est pas le même en fonction des catégories (culturelles bien sûr, mais aussi sociales et politiques) auxquelles les individus appartiennent. La géographie du danger dans les villes en guerre met ainsi en scène des inégalités dans les pratiques spatiales quotidiennes.



Les mobilités contraintes dans une ville en guerre

Par mobilités contraintes, on entend celles qui sont nécessaires à la survie des habitants dans une ville, malgré la guerre et les risques d'être pris dans des combats. Ainsi, l'entre-soi est poussé à son extrême au point que la maison ou l'appartement devient un sanctuaire, un refuge, et que franchir le seuil de cet habitat est synonyme de mise en danger. La rupture entre espace privé et espace public ne se fait plus alors seulement en termes de discontinuité entre espace de l'intime et espace partagé, mais également entre espace-sanctuaire et espace menaçant. Bien évidemment, la maison comme espace-refuge repose à la fois sur des réalités et sur des représentations : si les murs de la maison protègent en partie, ils ne sont pas imperméables, et les intrusions dans l'espace de l'intime sont nombreuses dans les villes en guerre, que ce soit par le fait de bombardements ou par les entrées de miliciens (l'exemple du siège de Sarajevo est, à ce titre, particulièrement éloquent : voir le billet "Vivre la ville sous le feu"). Néanmoins, sortir de cet espace privé confronte l'individu à des dangers plus importants quantitativement, avec le risque d'être pris dans une fusillade. L'approvisionnement de la maison ou de l'appartement en vivres, en médicaments et en eau contraint l'individu à sortir de cet enfermement pour se positionner dans les territoires du danger. C'est pourquoi, on parle ici de mobilités contraintes, dans la mesure où l’individu ne peut se passer de telles mobilités pour sa survie. Ce type de mobilités questionne les solidarités et les rivalités qui se mettent en scène, ainsi que les trajectoires des habitants pour leur survie, dans des villes où la territorialisation par la violence fragmente les territoires du quotidien, et où la question de l’accessibilité aux besoins fondamentaux (manger, se guérir…) provoque des déplacements durables au sein du "quartier-territoire". Cette restructuration des territoires communautaires permet également de montrer l’existence d’une inégalité sociale dans les mobilités, et ce malgré une guerre qui pourrait laisser à croire que chacun est touché de manière similaire par les violences.



Les mobilités forcées dans les villes en guerre

On entend par mobilités forcées les mobilités effectuées sous la menace des combattants, ou vécues comme telles. De tels déplacements se font dans l’urgence de la menace, sans que la trajectoire ne soit préparée ou contrôlée : or, l’itinéraire dans une ville en guerre reste un enjeu de survie. Il s’agit ici de confronter les habitants dans la place qu’ils occupent au sein de leur ville, de la société urbaine et du "quartier-territoire" pour montrer en quoi les écarts de traitement par les belligérants conditionnent le ressenti vis-à-vis des mobilités. Ces mobilités forcées provoquent donc des déplacements dans la ville en guerre qui amplifient le regroupement communautaire et l’homogénéisation des "quartiers-territoires". Ces mobilités forcées dans les territoires du quotidien sont donc productrices d’une géographie de l’enfermement à l’échelle du quartier, au prisme des (im)possiblités des habitants à se trouver libres de leurs déplacements. Les mobilités forcées sont donc vécues comme éprouvantes dans la mesure où elles obligent chacun à être soumis au contrôle des belligérants s’étant appropriés le "quartier-territoire", au point que les habitants subissent des réglementations dans leurs déplacements "ordinaires", c’est-à-dire ceux relevant du quotidien malgré la guerre.



=> Ces quelques remarques sur les mobilités dans les villes en guerre permettent de questionner l'approche spatiale des mobilités. S'il paraît évident que la géographie analyse avec pertinence les mobilités, on peut ainsi s'interroger sur l'impossible immobilité des individus, même lorsqu'ils vivent dans des villes en guerre où mobilités riment avec dangerosité.



mardi 5 janvier 2010

Une nouvelle année !


Cette nouvelle année est l'occasion de vous présenter à tous mes meilleurs voeux et de vous remercier du soutien que je reçois pour ce blog. Toujours occupée par la rédaction de ma thèse (un exercice assez chronophage !), le rythme des billets est plus réduit ces derniers temps, mais je tente au plus d'alimenter le blog.


Quelques nouvelles pour l'année qui commence. Tout d'abord, l'intégration de ce blog au webzine Alliance géostratégique qui se fera plus active, en espérant participer au mieux à cet élan collectif sur les questions de défense et sur la sépcificité française en matière de réflexion. C'est un honneur et un plaisir que de rejoindre cette équipe !




Autre petite nouvelle : la création d'une page sur Netvibes spécifique à la Géographie de la ville en guerre, pour mettre en valeur les nombreuses publications dans des blogs alliés et dans les nombreux blogs qui intéressent tous les passionnés de géographie et tous ceux qui s'intéressent au déroulement et aux conséquences des conflits actuels ou passés. L'idée est de créer une modeste plate-forme où chacun pourra retrouver de nombreux flux RSS qui pourront guider vos recherches... Les liens seront progressivement intégrés.

Une excellente année 2010 à tous !